Login

RÉGULATION À LA FRANÇAISE La grève du lait accélère les discussions

© CLAUDIUS THIRIET

Les pouvoirs publics pressent la filière d'organiser ses relations. Cette « marche forcée » perturbe les transformateurs, les privés plus que les coopératives.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Prévues dans l'accord sur le prix du lait du 3 juin, la grève a précipité les discussions sur les relations entre producteurs et transformateurs en vue de réguler le marché. Les trois familles interprofessionnelles devaient remettre leur copie le 1er octobre. Un premier pas en vue de la rédaction d'un projet de loi de modernisation agricole d'ici à la fin 2009. Ce calendrier incommode les transformateurs.

Alors que le ministre de l'agriculture pousse à définir rapidement des rapports de force équilibrés au sein de la filière, l'affaiblissement de la FNPL, consécutif à la grève du lait, les embarrasse. La mobilisation des adhérents de l'Apli, de l'OPL et de la Confédération paysanne fragilise la légitimité dont pouvait se targuer jusque-là la FNPL dans les négociations. Certaines laiteries, lassées des blocages à répétition de leurs usines depuis cet été, verraient même d'un bon oeil la participation des syndicats minoritaires aux discussions interprofessionnelles. « Puisque nous les rencontrons sur nos sites industriels, autant les avoir autourd'une table », lâche, exaspérée, l'une d'entre elles.

La « marche forcée qu'imposent les pouvoirs publics » embarrasse particulièrement les industriels privés. Rares sont ceux qui ont signé des contrats avec leurs fournisseurs et qui développent de véritables instances de discussions, à l'instar des conseils d'administration des coopératives. Un certain nombre se disent prêts à combler ce retard. Leur fédération (Fnil) mettra bientôt à leur disposition une boîte à outils intégrant une durée minimum de contrat (cinq ans) et de préavis, les exigences réglementaires et spécifiques (oméga 3, AOC, etc.)... Le tout éclairé par des indicateurs économiques établis par le Cniel pour aider à la fixation du prix du lait.

« Nous ne souhaitons pas affiner la gestion de la production, comme le propose la FNCL (coopératives laitières) avec des volumes et des prix différenciés, avance-t-on à la Fnil. La gestion des quotas à la française, avec l'attribution ou non de la hausse européenne et de prêts de fin de campagne, convient à la majorité des entreprises. »

Discuter directement avec ses producteurs

Difficile pour ces transformateurs d'envisager des négociations avec une organisation de producteurs à l'échelle d'un bassin de production. « On peut comprendre qu'une entreprise ne souhaite pas de mettre, sur la place publique sa stratégie industrielle et commerciale, commente la Fnil. Elle préfère mener les discussions avec ses producteurs regroupés dans une organisation ou un groupement. »

De son côté, la FNCL espère une interprofession forte qui, de ce fait, nécessiterait moins de structurer en amont des organisations professionnelles. Tout dépendra de ce qu'obtiendra Bruno Le Maire dans les prochains mois à Bruxelles. Le rachat d'Entremont par Sodiaal contribuerait aussi à l'équilibre des forces au sein de la filière. Les coop détiennent aujourd'hui 35 % des parts du marché français.

CLAIRE HUE

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement